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Marguerite Yourcenar, Ariane et l’Aventurier (divertissement en trois actes), Cahiers du Sud, t. 19, n° 219, août-septembre 1939, pp. 80-106. Pièce rédigée en 1932.

Qui n'a pas son Minotaure ?

- Paris, Plon, Le Mystère d’Alceste et Qui n’a pas son Minotaure ?, Théâtre, 1963, 277 p., pp. 153-277. (précédé de « Thésée : aspects d’une légende et fragment d’une autobiographie », pp. 155-180 et devenu « divertissement sacré en dix scènes ». Texte révisé en 1944 et 1956-57).
- Paris, Gallimard, Théâtre II, 1971, 231 p., pp. 82-161. (révisions de la préface, de 1970).

Inspirée librement des aventures de Thésée, la pièce met en scène les 14 victimes annuelles, tribut des Grecs, offertes au Minotaure crétois. Elles s’interrogent sur le sort qui les attend. C’est l’occasion, pour l’auteur, de mettre en scène Thésée qui affronte le Minotaure et est, ici, présenté comme un héros banal qui se confronte, finalement, avec lui-même. Il emmène Phèdre à Athènes où il lui présentera son fils : Hippolyte… Retravaillée en 1944 et dans les années 50, la pièce a pris des connotations politiques et, apparaît, notamment, comme une dénonciation de l’holocauste.

Adaptations : 1974, Théâtre Toursky, Marseille.. 1980, par Marie Guilmineau, Théâtre Marie-Stuart, Paris, 9/1 au 9/2 ; 1989, par J.-L. Bihoreau, Hôtel de la Monnaie, Paris, juin-juillet ; 1989, Yourcenar o cada quien su Marguerite, adaptation par Jesusa Rodriguez (avec extraits de Feux), Centro Cultural Universitario, Mexico, 12 juillet.

Marguerite Yourcenar - Le Minotaure et son antre, les victimes courant d’elles-mêmes à la mort, les Thésées velléitaires et les Minos clignant de l’œil au crime, éclairés par le jet des projecteurs de 1944, acquéraient tout à coup une terrible réalité de symboles. La promenade de Thésée dans les détours du labyrinthe, bâclée en quelques lignes dans l’ancienne Ariane, s’intériorisait en quelque sorte, me donnait envie de décrire la grotesque démarche d’un homme égaré dans les replis de soi-même. L’allégorie mystique d’Ariane pointait d’elle-même sous la romance ; la montée au ciel devenait autre chose qu’une envolée facile. J’ai toujours pensé qu’il valait la peine de reprendre un sujet manqué à demi (et pas seulement à demi), de s’y remettre jusqu’à ce qu’on ait véritablement l’impression de lui avoir fait rendre tout ce qu’entre nos mains il pouvait donner. Je me mis donc à corriger et à refaire. (in Préface, p. 177). Vous me direz qu'il y a beaucoup de caricatures tracées à gros traits dans mon propre Qui n'a pas son Minotaure ?, mais alors ce Minos grotesque et ce Thésée très veule sont là pour souligner, sous le couvert du mythe, une certaine irrémédiable part d'indignité humaine. (93) En fait, c'est peut-être dans Qui n'a pas son Minotaure ? que j'ai mis, avec une liberté onirique, la vision du monde qui sous-tend tous mes livres, depuis les prisonniers de la cale du navire qui acceptent, refusent, nient, ou simplement ignorent leur destin, jusqu'à Ariane, âme qui monte au ciel. Thésée, caricature de l'homme moyen, qui sans cesse se ment à soi-même, ne devient supportable qu'au moment où il s'avoue « un pauvre homme ». Dans le dialogue entre Ariane et Bacchus (Dieu) j'ai mis ce que j'avais à dire de plus réfléchi sur un sujet qui passe les mots1 (1. (…) Mais personne ne s’est aperçu que le beau Bacchus (Dieu) de la pièce et le petit vieux bedonnant du conte [La Fin de Marko Kralievith] étaient le même, ou si l'on préfère la même chose, qui échappe à tous les noms). (199-200) (in Les Yeux ouverts)

Traductions : Anglais, espagnol, italien

Premier paragraphe : Autolycos, seul dans la hune : Que le ciel est bleu ! Ils est si bleu qu’il se suffit. Et sous le bleu liquide du ciel, le bleu solide, le bleu dense des vagues. Le vaisseau que j’ai contribué à construire (car j’ai travaillé dans les chantiers d’Athènes), univers clos, prison de condamnés à mort, avance, poussé par le vent, vers son destin de navire, et transporte nos destins d’hommes. Il ne faisait pas plus beau, le jour où, dans la barque d’Ulysse, j’ai crevé l’outre aux tempêtes. Peu importait : je sais nager. Il ne faisait pas plus beau, le soir où je me suis embarqué avec les Argonautes, pour un prêt de quelques pièces de cuivre qui valaient bien la Toison d’Or.

Réception critique : L’homme face à son destin, à l’imposture et à l’erreur, tels sont les thèmes –permanents dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar– qui illustrent Qui n’a pas son Minotaure ?, une adaptation libre des aventures de Thésée dans le labyrinthe. (J.L. Wachthausen, Marguerite Yourcenar dan le labyrinthe de Thésée, Le Figaro, 5 janvier 1980, p. 21) Elégance du langage que l’on cisèle, que l’on apprête, formules brillantes, images savamment élaborées, plaisirs précieux des anachronismes, tout est ici clin d’œil aux lettrés que nous sommes, ou que nous ne sommes pas. (…) Rien n’est moins nécessaire que ces phrases trop bien tournées, et qui s’installent solennellement. (…) La scène est souvent cruelle aux romanciers. Surtout quand ils se surveillent. (Pierre Marcabru, « Qui n’a pas son Minotaure ? », de Marguerite Yourcenar. Jeux littéraires. Le Figaro, 14 janvier 1980, p. 30b. D’autres articles disponibles dans la base de données documentaire.

Articles ou livres de références :
- Rémy POIGNAULT, Sur les traces de Sénèque dans Qui n'a pas son minotaure? de Marguerite Yourcenar, Présence de Sénèque, Paris, Touzot, 1991, pp. 221-241.
- Rémy POIGNAULT, D'Ariane et l'aventurier à Qui n'a pas son Minotaure ? ou le mûrissement d'un thème, Tours, Bulletin n° 7, SIEY, novembre 1990, pp. 61-80.
- Marie-José VAZQUEZ de PARGA, Le labyrinthe de Marguerite Yourcenar ; Bulletin n° 4, Tours, SIEY, juin 1989, pp. 41-51.
- Blanca ARANCIBIA, Le mythe du minotaure chez Yourcenar, Borges et Cortazar, in Marguerite Yourcenar et l'Art - L'Art de Marguerite Yourcenar, Tours, SIEY, 1990, pp. 257-264.
- Françoise BONALI FIQUET, La rivisitazione del mito in Qui n'a pas son Minotaure? di Marguerite Yourcenar, in Marguerite Yourcenar. Dall'isola di Creta all'île heureuse. Giornata di Studio sull'opera di Marguerite Yourcenar (Pontremoli, Salone Comunale, 28 febbraio 1998), Cremona, 2000, pp. 25-35.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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