Marguerite Yourcenar, Les Songes et les sorts, Paris, Grasset, 1938, 223 p. Essai sur les rêves, suivi de quelques rêves, rédigé entre 1936 et 1938.
- Essais et mémoires, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1991, pp.1525-1645. Nouvelle édition augmentée d’une note de l’éditeur, d’une préface formée de citations sur le rêve, extraites de Mémoires d’Hadrien et de L’Œuvre au Noir choisies par l’écrivain, et d’un « Dossier » constitué de citations, de notes, de récits de rêves (faits entre 1961 et 1979) et de documents divers.
Choix de vingt-deux songes : Les visions dans la cathédrale – La mare maudite – La route sous la neige – Les cœurs arrachés – Le cadavre dans le ravin – Les clefs de l’Eglise – L’eau bleue - L’Ile des dragons – L’avenue des décapités – L’enfant bleu – Les cierges dans la cathédrale – Le Festin des Bêtes – Les chevaux sauvages – Le vent dans les herbes – La flaque dans l’église – La maison des femmes pâles – La route au crépuscule – Les caisses à fleurs – La lépreuse – La maison brûlée – La jeune fille qui pleure – L’amour et les bandelettes de lin.
Aucune adaptation à ce jour.
Matthieu Galey - Quel était le propos d'un essai comme Les Songes et les sorts? Marguerite Yourcenar - C'était une étude de l'esthétique du rêve. Pourquoi le rêve se construit-il d'une certaine manière ? J'avais essayé d'apporter à cette question le témoignage d'une série de rêves longuement racontés, pour tâcher de tout donner, et pas seulement de dire « J'ai rêvé ce matin que je me promenais dans une ville », ce qui ne prouve rien, mais tâcher de décrire à quoi ressemblait cette ville et cette promenade. J'essaierai de continuer par une série nouvelle de rêves récents, si le temps m'en est laissé. Le mérite des Songes et les sorts, c'est que je n'étais dominée par aucune des théories courantes à l'époque, en 1938. Elles me paraissaient très insuffisantes, et elles me le paraissent toujours. (in Les Yeux ouverts, Le Centurion, 1980, p.105).
Traductions : Anglais, italien
Premier paragraphe : Préface 1938 : Je veux raconter ici quelques rêves, ceux qui troublèrent ou réconfortèrent le plus fortement un être qui a beaucoup rêvé. Depuis l’adolescence (à deux ou trois exceptions près, je ne me souviens guère de mes rêves d’enfant), j’ai été suivie à travers toute ma vie nocturne par une douzaine de songes inquiétants ou propices, reconnaissables comme des motifs musicaux et comme eux susceptibles de variations infinies. Ces rêves se subdivisent en groupes, en familles bien distinctes, pareilles aux provinces d’un pays mystérieux qu’on ne visiterait que les yeux fermés.
Réception critique : Ils se présentent comme un remarquable florilège de poèmes en prose. On pense, en le lisant, parfois à ceux de Baudelaire et parfois à ceux de Rilke. Il est merveilleux de pouvoir trouver en soi une matière poétique à ce point donnée. […] Edmond Jaloux in Les Nouvelles littéraires, 834, 8 octobre 1938, p.4. L’objection qu’on pourrait leur faire, c’est qu’ils paraissent trop bien transcrits. L’écrivain ne semble pas avoir résisté à ce désir de choix, d’arrangement, qui constitue la substance même de l’art. Or, l’art de ce recueil est précieux et raffiné. G. Charensol in Les Nouvelles littéraires, 826, 13 août 1938, p.5. D’autres articles disponibles dans la base de données documentaire.
Articles ou livres de références :
- Carmen Ana PONT, Yeux ouverts, yeux fermés : la poétique du rêve dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar, Coll. Faux-Titre 81, Amsterdam-Atlanta, Rodopi, 1994.
- Julie HEBERT, Le récit de rêve comme écriture de soi dans Les Songes et les sorts de Marguerite Yourcenar, Mémoire de D.E.A. de Lettres modernes, Paris, Université de Paris III - Sorbonne Nouvelle, 2002 113 p.
- Paul PELCKMANS, Le point de vue de la rêveuse, Bulletin de la SIEY, 5, Tours, Novembre 1989, pp.35-45.
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